Vietnam, Ho Chi Minh Ville, il y a bientôt dix ans.
D'un côté de la rivière, le District 1, centre historique, dont sont déjà sortis quelques gratte-ciel.
De l'autre, des hangars gangrénés par la rouille, des docks où on calfate les petits bateaux. Une piste en terre borde la rivière Saïgon, le long de laquelle s'alignent des logements de fortune, faits de quelques piquets et couverts d'un patchwork de tôles ondulées. A la mousson, on vous y invite pour partager quelques tranches de serpent grillé, lorsqu'on est surpris par une vague de pluie, aussi subite que violente. De tout cela il ne reste rien, seuls ont subsisté un couvent, et une minuscule pagode.
......De ces abris on peut entendre de la musique. Elle provient de cette petite pagode, à l'intérieur de laquelle sont réunis une trentaine de personnes, une famille, soixante quinze ans s'étant écoulés entre les anciens et les plus jeunes. Ces aînés du groupe me font l'honneur de m'asseoir au milieu d'eux.
Devant nous, une femme très élégante semble dans un autre monde, tournant sur elle même, des brandons allumés dans ses mains. Deux hommes tiennent à bout de bras une réplique de gondole, représentation d'une sorte de barque funéraire?
Derrière elle, dans le fond de la pagode, toutes sortes de denrées sont posées sur le sol, sacs de riz, huile, fruits du dragon, bananes.... autant d'ofrandes.
La maîtresse de cérémonie, après avoir pratiqué toute une suite de rituels, et déposé ses brandons, met fin à l'évènement en projetant en l'air des liasses de billets neufs, petites coupures de cinq mille Dongs qui retombent en pluie fine sur l'assistance, à qui elles sont destinées.
Canon EOS450D - 65mm - f5 - 1/30